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POUR LA PAIX

 

Maël Aînine Néma Chérif tient tant du maître de cérémonie que du faiseur de paix. Son nom, mais aussi son travail plastique, est l’écho d’une vie consacrée à la défense du multiculturalisme, de la recherche du sensible et du dialogue entre les civilisations. Cependant, tandis que cette idée est si importante, alors que le monde voit les cultures s’entre-déchirer, refusant parfois leur passé, souvent leur avenir, et où la mondialisation tend plus vers l’uniformité que vers la pluralité, Maël Aînine Néma Chérif provoque la parole. La parole, qui est, comme l’a démontré Pierre Clastres, si importante dans la cohésion de toutes les sociétés, prend ici tout son sens. Ce n’est pas l’idée, fausse, d’un dialogue du politiquement correct, où le compromis vaut plus cher que l’échange, dont il est ici question ; car Maël Aînine Néma Chérif n’est pas politique, ou plutôt : il n’entre pas dans le jeu du pouvoir, il ne s’affranchit pas de sa nature propre, il n’est pas partisan d’un autre clan que celui de l’humanité. Cette parole, donnée par son travail, sonne comme un véritable Chant du Monde, si cher à Jean Giono, où la fraternité l’emporte toujours, sans concessions.

 

Ses œuvres s’inscrivent dans la continuité de cette position. Extrêmement réfléchies, elles sont particulièrement investies de l’idée d’une responsabilité poétique. Mises au monde, elles deviennent toutes extrêmement narratives, et dépassent souvent la volonté première de leur auteur, comme des enfants enthousiastes et impatients de raconter les histoires transmises par leur père. Il s’agit souvent de portraits, toujours de figures, parfois fantasmatiques, totalement imbriquées dans des systèmes iconographiques proches d’une mystique mêlant religion, philosophie, et conseils semblant tout droit venir de contes africains. Maël Aînine Néma Chérif convoque ainsi un univers aussi dense que celui de Dubuffet, de Saint-Exupéry et d’Alexis Mossa, qu’il métisse à la culture maure, elle-même composite et syncrétique, dont il est héritier.

 

Réalisme magique

 

Ses toiles, produites avec des matériaux de récupération, ont toujours un lien étroit avec la nature, comme en témoigne son travail aux Sables d’Olonne, où il les trempe dans l’océan ; il y ramasse aussi du sable qu’il inclut dans son travail. Au-delà de l’acte purificatoire, cette démarche a une portée bien plus forte encore qu’un geste empreint d’une conscience écologique : c’est le territoire, comme espace vécu, qui se déploie ainsi dans ces systèmes narratifs, qui ne sont alors plus simples représentations, mais véritables morceaux de terre, où se mêlent le mysticisme méditatif du paysage marin et la construction d’un authentique espace dans la toile. Car le spectateur est alors plongé, presque au sens propre, dans une profondeur de champ qui le pousse lui-même à interroger les fondements physiques et sémantiques de son propre territoire.

 

C’est là la grande force de l’expressivité de Maël Aînine Néma Chérif : en l’appelant peinture muette, et en laissant à ses toiles le pouvoir de dire à sa place, il offre à celui qui regarde la possibilité d’une méditation personnelle. Elles font mouche avec d’autant plus d’efficacité qu’elles ne sont pas tributaires d’un discours direct, mais sont construites autour d’iconographies universelles. En évoquant l’amour, l’enfance, l’histoire, la vie, la terre que l’on foule et la mer dans laquelle on plonge, elles accueillent le spectateur dans un paysage qui lui donne la liberté d’une pensée défaite de tout impératif imposé par l’artiste, et le laissent seul maître de son exploration, qu’il peut entamer et mener à terme à sa guise. En cela, Maël Aînine Néma Chérif inverse les rôles en offrant cette liberté : c’est celui qui regarde, et non plus l’artiste, qui s’exprime et construit à travers l’œuvre ; pour sa part, « le poète choisit, élit dans la masse du monde, ce qu’il lui faut préserver, chanter, sauver, et qui s’accorde à son chant1. » Ainsi, vient le moment de chercher le père parmi ses enfants : il n’est alors pas étonnant de trouver comme un air de famille dans chacune de ses toiles ; car l’on reconnaît partout ses yeux qui nous regardent, tandis que nous nous accordons nous-mêmes avec le monde.

 

Milan Garcin

 

1Glissant, Edouard, Art Poétique

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